Entre 1960 et 1980, la sĂ©vĂ©ritĂ© du systĂšme de justice de lâURSS a envoyĂ© en prison pas moins de 35 millions de personnes, et les condamnations adjugĂ©es nâĂ©taient jamais proportionnelles ; il y a eu des cas dont la peine Ă©tait plus lourde que celle dâun meurtrier, alors quâils avaient « juste » volĂ© de la nourriture par nĂ©cessitĂ© / pauvretĂ©. Avec tout ce beau monde derriĂšre les barreaux, et les injustices Ă©videntes, le tatouage entre prisonniers sâest popularisĂ© Ă une vitesse folle. Le principe Ă©tait alors de faire son corps une carte dâidentitĂ©, montrant des prisonniers leur hiĂ©rarchie dans la mafia, la nature de leurs crimes, leur orientation sexuelle, ou encore leurs idĂ©aux politiques et religieux.
Ces tatouages Ă©taient rĂ©alisĂ©s dans des conditions particuliĂšrement dĂ©plorables, par exemple le pigment pour faire « lâencre » noire Ă©tait obtenu grĂące Ă un mĂ©lange de caoutchouc fondu et dâurine (celle de celui qui se faisait tatouer), et les machines Ă©taient tout aussi prĂ©caires comme tu peux lâimaginer. La syphillis et les fiĂšvres Ă©taient alors monnaie courante, et puisquâon parle de monnaie, les tatoueurs se faisaient payer en cigarettes ou sachets de thĂ©.
Il a cependant fallu attendre la chute du rĂ©gime soviĂ©tique en 1989 pour que ce monde graphique sorte des goulags et vienne enrichir la culture du tattoo, en grande partie grĂące Ă la trilogie Russian Criminal Tattoo Encyclopedia : un recueil de dessins et dâĂ©tudes sur ces tatouages, créé par un gardien de prison Russe, de 1948 Ă 1986.
PopularisĂ©s par le film « Les promesses de lâombre » de David Cronenberg, les tatouages des gangsters et prisonniers Russes ont beaucoup fascinĂ© et suscitĂ© lâintĂ©rĂȘt des curieux (oui toi qui est en train de lire).
Il sâavĂšre que la plupart de leurs motifs ont des significations bien ancrĂ©es dans la culture Russe, et quâil est impossible de les deviner ; heureusement Sorry Mom est lĂ pour vous dĂ©chiffrer ces symboles, chargĂ©s dâhistoire, tous plus mystĂ©rieux les uns que les autres.
ЎаĐČаĐč !
« Je serai libre » une phrase dâespoir pour les prisonniers des goulags qui comptent en sortir un jour. Un peu de lettrage en Russe = Simple efficace.
La chaine autour des poignets ou des chevilles, qui évidemment symbolise la perte de liberté.
Les menottes autour de chaque poignet, symbolisent un passage en prison de plus de 5 ans.
Le poignard seul qui, contrairement aux autres cultures que vous avez pu voir sur notre blog, signifie cette fois autre chose que le meurtre. Dans la culture Russe il signifie que son porteur a un destin que se rapporte uniquement Ă sa mort, notamment si il est en prison Ă vie, par exemple.Â
Cet article est donc le premier d’une sĂ©rie de 5 ou 6, venez checker rĂ©guliĂšrement ce qui est sorti !